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Retour de compétition : Mattéo Soulé et Camille Doumas nous racontent le Championnat de France jeunes de difficulté 2024

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Publiée le 27 mai 2024

Les 11 et 12 mai avait lieu à Besançon le tant attendu Championnat de France jeunes de difficulté. Dernière échéance de la saison pour certains, ouverture vers la saison internationale pour d'autres, le championnat de France a permis aux 33 occitans qualifiés de se mesurer au niveau national, et pour certains d'aller chercher une finale, un podium ou même un titre ! C'est notamment le cas de Mattéo Soulé, 18 ans, qui a décroché son premier titre de Champion de France. Camille Doumas, coach régionale, et Mattéo reviennent pour nous sur cette victoire et les performances des Occitans.

Mattéo Soulé, vainqueur du titre en U20 cette année, est membre du Pôle Espoir Escalade de Toulouse.

Bonjour Mattéo, merci de revenir sur ta compétition pour nous ! Comment t’es-tu préparé pour cette échéance ?

Tous mes objectifs étant dans cette discipline, j’ai fait plus de difficulté que les années précédentes, un peu moins de falaise, c’est le jeu ! Beaucoup de prépa physique et beaucoup de runs, surtout au TAG (Tournefeuille Altitude Grimpe) avec les voies ouvertes dans le nouveau mur, les ouvertures pour le stage olympique, les équipes de France sénior etc. Donc voie à fond,  j’ai fait quasiment que ça et un peu de bloc, histoire de faire de la force.

Comment as-tu surmonté la déception du Championnat de France sénior, où tu finis aux portes de la finale ?

J’avais de gros objectifs à Tarbes, car en début d’année j’avais pour objectif les Coupes du monde de difficulté sénior. Ce n’est pas encore tout à fait perdu, car il y a le Sélectif équipe de France dans deux semaines.

Je suis arrivé à la compet ultra stressé ce qui fait que je n’ai pas très bien grimpé en qualifs, en demies c’était cool, mais de voir que je perds ma place en finale à cause des qualifs c’était très frustrant…j’étais vraiment extrêmement déçu. J’étais déçu parce que c’était ma première compétition avec des objectifs, qui ne se concrétisent pas tout de suite suite alors que ça aurait pu.

Ça a été dur à accepter, j’ai mis quelques jours à m’en remettre, même à l’entraînement la semaine d’après c’était dur, je n’arrivais pas à penser à autre chose ; dès que ça se passait un peu moins bien à l’entraînement je me disais : « c’est sûr qu’aux France jeunes ça va pas se passer bien non plus, je vais pas y arriver, j’arrive pas à grimper comme je le veux ».

Donc ça a été vraiment dur à accepter, j’ai passé pas mal de temps avec les coachs pour avancer, parce que je n’avais qu’une semaine de battement, il fallait être prêt rapidement, heureusement les coachs étaient là, donc j’ai pu bien en parler, j’ai pu voir ma famille aussi, ça a aidé.

Comment s’est déroulée la compétition à Besançon ? As-tu apprécié les voies, étaient-elles dans ton style ?

À Besançon, je voulais prendre ma revanche des France senior. J’étais super excité car je n’avais jamais eu le titre. L’ambiance était géniale, il y avait beaucoup de monde dans ma catégorie, et beaucoup d’enjeu avec la sélection internationale derrière.

Je n’étais pas trop stressé en qualifs : quand j’ai vu les voies je me suis dit  » c’est « rési » basique avec des repos, c’est pour moi « .  Ca faisait rêver, j’étais en confiance, et j’ai toppé les deux voies.  J’étais trop content parce que je me suis vraiment senti grimper, j’étais à l’aise dans ma grimpe, j’étais présent,  je me suis jamais senti aussi bien en compétition donc c’était trop cool.

A la lecture de la voie de finale j’ai un peu stressé, c’était moins dans mon style par rapport aux qualifs, y’avait beaucoup de pinces, c’est pas mon point fort. Je me suis dit « arrête d’y penser, t’as progressé dans ce style », juste fais toi kiffer, j’ai eu un bon discours interne, je me suis dit plein de choses positives puis au moment de grimper dans la voie de finale j’étais juste concentré, je me disais que la voie avait l’air trop bien : « profite de ta grimpe, profite de la voie et vas te battre le plus haut possible » et c’est ce que j’ai fait, j’étais à fond, dans le moment présent et je me suis jamais autant « senti » grimper en compétition, je me suis senti même meilleur qu’à l’entraînement donc c’était vraiment incroyable.

Ca fait quoi d’être champion de France après deux années à passer vraiment pas loin de la victoire ?

Une énorme joie !  En plus, je faisais une sorte de mini-compet avec mon père (NDLR : Pierre Soulé, Vice-Champion de France de difficulté 2023 et Champion de France de difficulté 2022) pour le premier qui aurait les trois médailles sur un championnat de France. C’est moi qui ai donc gagné, petite fierté supplémentaire !

C’était incroyable parce qu’en plus ça me sélectionne pour toute la saison internationale en jeunes et cela montre que je n’ai fait que progresser ces dernières années, j’ai gagné des places, le titre c’est le rêve depuis que je suis en minimes et là, de l’avoir, je suis incroyablement content, c’est un souvenir incroyable même au-delà du titre, toutes les sensations de grimpe, l’ambiance avec les amis, c’était vraiment fou.

Quels enjeux pour les Occitans sur ce championnat de France ?

Camille Doumas était coach régionale sur ce Championnat de France jeunes de difficulté. Elle a ainsi suivi les athlètes de la région sur cet évènement. Elle nous raconte :

 

 

Quels enjeux y’avait-il sur ces championnats de France ? 

Camille : Il s’agissait d’une compétition à fort enjeu car d’une part c’est le championnat de France de difficulté, il n’y en a qu’un seul par an et le seul pour aller chercher un titre, et d’autre part parce que le classement comptait pour le sélectif équipe de France jeune.

Y’a-t-il eu une bonne gestion de la compétition de la part des athlètes ?

Alors bien sûr il y avait pas mal de pression à gérer… Surtout que les voies de qualifs étaient difficiles. Les ouvreurs avaient misé sur des voies techniques dans des profils peu déversant qui ont pu déstabiliser les grimpeurs et grimpeuses… Il fallait bien lire, avancer avec beaucoup de précision et éviter les pièges techniques. Au contraire les voies ouvertes sur le mur principal, dont les premiers mètres déversent fort avant de se redresser progressivement, proposait des pas bien physiques, des mouvement puissants assez tôt et qui ont fait chuter bon nombre de grimpeurs. Peu de grimpeurs ont topé leurs qualifs, il fallait se battre sur chaque mouvement pour aller chercher sa place en finale. Mais que ce soit sur des difficultés physiques ou techniques j’ai l’impression que nos grimpeurs occitans ont fait preuve de belles qualités d’adaptation et d’une bonne polyvalence. Dans l’ensemble cela leur a permis de tirer leur épingle du jeu.

La preuve dans les chiffres : sur les 33 compétiteurs d’Occitanie qualifiés au championnat de France, 12 se sont qualifiés en finale, c’est plus qu’un tiers !  Ils étaient particulièrement nombreux dans les catégories U16H et U18F : pour beaucoup c’était leur première finale à ce niveau-là.

Les voies de finales étaient assez spectaculaires, il fallait s’engager dans les mouvements, s’impliquer physiquement tout en faisant preuve de précision et de dosage. Globalement je trouve que nos grimpeurs et grimpeuses ont su bien s’exprimer et gérer la pression. On a eu droit à quelques beaux combats ! On peut être fiers d’eux.

Finalement 5 d’entre eux font podium dont Mattéo qui remporte le titre de champion de France chez les U20 en réalisant presque un sans faute !

 

Es-tu satisfaite de ce qu’ont proposé les occitans dans l’ensemble, par rapport aux autres années ?

Pour comparaison l’année dernière ils étaient 9 finalistes sur 30 compétiteurs occitans, 2 étaient sur un podium (dont 1 titre : Akyan Etchar chez les U18) Donc pour moi il y a une progression assez nette, en particulier chez les plus jeunes, cela laisse présager de belles choses pour les années qui viennent. On a pas fini d’entendre parler d’eux !

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