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Para-Escalade : Rencontre avec Natacha Zozoula
Escalade
Publiée le 10 avril 2024
La Ligue Occitanie de la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade (FFME) s’engage résolument dans la voie de l’inclusion, en offrant des formations d’escalade accessibles à tous et toutes. Nous avons souhaité mettre en avant une grimpeuse, issue du club « Pied Noir Escalade » basée dans le département du Lot, qui a suivi une formation initiateur SAE.
Natacha Zozoula, grimpeuse depuis 2004
Présentation et arrivée dans le monde de l’escalade :
Je m’y suis mise vers 2004 sur bordeaux à l’ancien Roc Altitude où je faisais de la diff, j’ai réussi à continuer grâce au Migou pendant mes études ( bloc où nous avons une clé pour y aller quand on veut) j’ai commencé la voie en falaise aussi, 2011 ma pathologie m’a alité 2 ans, 2017 j’ai refait un essai, c’était difficile, mais le plaisir procuré était supérieur et j’ai pu constater les effets positifs sur ma pathologie, cela peut paraître paradoxal, mais c’est l’activité physique la plus adaptée à ma pathologie.
De quelles pathologies souffrez-vous ?
Je souffre de deux pathologies, la spondylarthrite ankylosante et le syndrome Elhers Danlos.
La spondylarthrite ankylosante, aussi appelée spondylarthrite ankylosante, est une maladie inflammatoire articulaire chronique, caractérisée par une atteinte du squelette axial (colonne vertébrale et articulations sacro-iliaques du bassin).
Les formations escalade ouvertes à tous et toutes
En 2023 vous avez suivi une formation initiateur SAE, pourriez-vous nous expliquer comment cela s’est passé ?
Quels ont été les freins et leviers ?
Le frein rencontré a été la validation du passeport orange, car avec ma pathologie, je ne peux pas grimper en tête.
Les leviers ont été nombreux, : mon engagement au club, mon passé de pompier volontaire, l’envie de mon club d’avoir une encadrante SAE supplémentaire, et l’équipe formation de la Ligue qui a accepté ma candidature et a su s’adapter à mes pathologies.
Comment s’est déroulée cette formation ?
J’ai eu la chance de tomber sur un formateur compréhensif qui a su s’adapter à mon rythme, à mes contraintes physiques. On s’est aperçu que cela est tout à fait possible !
Ce qui a été compliqué pour moi, c’était le trajet (1h aller/ 1h retour), les horaires (ma pathologie est plus intense le matin), le rythme était intense, car je fatigue vite et quand je grimpe ou je fais une activité, je fais toujours une journée activité puis une journée repos, donc le dimanche était toujours plus compliqué à gérer pour moi.
Mais la formation s’est très bien passée malgré mes appréhensions de départ.
Et du côté du formateur, quelles différences ?
Philippe Mercanti, instructeur sur la formation, nous raconte :
Il a fallu aménager quelques situations, mais globalement, je n’ai pas eu besoin d’adapter ma pédagogie, j’ai mis en place comme d’habitude et elle s’est super bien adaptée. Elle compense sa difficulté à pratiquer par une présence physique au sol importante, elle fait des vidéos, elle note, elle synthétise… Et elle grimpe quand les situations sont imaginables pour elle.
Natacha, quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’escalade, en particulier s’il est en situation de handicap ?
La difficulté quand on est handicapée, c’est d’oser demander, car on lutte déjà au quotidien et on peut être fatiguée de cela, mais il ne faut pas hésiter à le faire !
Il faut commencer doucement, aller à son rythme, ne pas se comparer aux autres, j’ai la chance d’avoir “accepté” mon handicap, donc j’ose en parler, l’expliquer et quand c’est fait les gens sont plus admiratifs que critique.
Cependant, il n’est pas toujours évident de trouver des gens compréhensifs, surtout en falaise. Les gens ont souvent du mal à comprendre que je ne peux grimper qu’en moulinette même quand je dis que je suis handisport (donc qu’il faut me les poser ou me laisser la corde en place), que je dois m’échauffer tranquillement dans les voies, que je ne peux pas grimper autant d’heures qu’eux ou autant de jours. Je peux assurer en tête et je le fais, mais j’évite si la personne travaille la voie car les chutes me font mal (je peux mettre plusieurs jours à m’en remettre), cela peut être mal perçu alors que c’est pour préserver ma santé. Je ne suis pas forcément à l’aise en marche d’approche donc je dois aller à mon rythme, et j’ai un gros sac car ma pathologie demande pas mal de matos même pour quelques heures à grimper (je dois pouvoir anticiper toutes les problématiques qui peuvent survenir).
Tous les handicapés sont différents, et ont des besoins différents. Pour ma part, j’ai assez de caractère pour demander, « m’imposer » mais honnêtement ce n’est pas possible selon les caractères et cela peut être usant à la longue.
Un grand merci à Natacha Zozoula pour son témoignage, qui indique qu’il reste encore beaucoup à faire pour sensibiliser les grimpeurs sur le handicap ainsi que pour rendre la pratique de l’escalade accessible à tous les publics.
La Ligue Occitanie s’engage résolument dans cette démarche et a pour projet d’accentuer le développement d’actions visant à favoriser l’inclusion de nouveaux publics dans l’escalade à partir de la saison prochaine.